Le paludisme aujourd’hui
Le paludisme (malaria en anglais), est une maladie infectieuse causée par des parasites du genre Plasmodium. Cette maladie est transmise par les piqûres de femelles moustiques infectées. Le paludisme est une maladie grave qui peut entraîner la mort si elle n’est pas traitée rapidement.
Les symptômes du paludisme comprennent de la fièvre, des frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires et des vomissements. Ces symptômes peuvent apparaître de 7 à 30 jours après la piqûre par une femelle moustique infectée. Dans les cas graves, le paludisme peut causer une anémie, une insuffisance rénale, une insuffisance respiratoire et même un coma.
Poids du paludisme
Le paludisme est une maladie qui affecte principalement les populations des régions tropicales et subtropicales. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2022, 249 millions de cas ont été enregistrés et 608 000 personnes sont décédées à cause du paludisme. 93% de ces cas et décès sont survenus en Afrique, et 95% des morts étaient des enfants de moins de 5 ans.
En 2022, vingt-neuf pays représentaient 95 % des cas de paludisme dans le monde. Six pays – le Nigéria (27 %), la République démocratique du Congo (12 %), l’Ouganda (5 %), le Mozambique (4 %), l’Angola (3,4 %) et le Burkina Faso (3,4 %) – représentaient environ 55 % de tous les cas dans le monde. L’Inde représentait 66% des cas dans la Région OMS de l’Asie du Sud-Est.
Dans les dernières annés, plusieurs pays ont démontré qu’il est possible d’éliminer le paludisme. Le Cap Vert (2024) et troisième pays seulement du continent africain, le Tadjikistan (2023), l’Azerbaïdjan (2023), la Chine (2021), le Salvador (2021), l’Argentine (2019), l’Algérie (2019) sont les derniers pays à avoir éliminé le paludisme, plusieurs pays sont maintenant en voie d’élimination. Pour l’OMS, il faut trois ans sans cas de paludisme indigène pour être certifié exempt de paludisme (cela ne compte pas les éventuels cas importés).
Prévention
La prévention du paludisme est essentielle pour réduire le nombre de cas. Les mesures de prévention comprennent l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, l’utilisation de répulsifs contre les moustiques, l’élimination des sites de reproduction des moustiques et la prise de médicaments prophylactiques avant de voyager dans des zones à risque ou de manière saisonnière dans les zones à forte transmission.
Traitement
Le paludisme est une maladie traitable. Le traitement du paludisme dépend du type de parasite et de la gravité de la maladie. Les médicaments antipaludiques sont utilisés pour tuer les parasites dans le sang et prévenir les complications. Les thérapies combinées à base d’artémisinine (ACT) sont les médicaments antipaludiques les plus efficaces disponibles aujourd’hui et le pilier du traitement recommandé pour le paludisme à Plasmodium falciparum, le parasite du paludisme le plus meurtrier au monde.
Les ACT associent 2 médicaments actifs aux mécanismes d’action différents, dont des dérivés d’artémisinine extraits de la plante Artemisia annua et un médicament partenaire. Le rôle du composé d’artémisinine est de réduire le nombre de parasites pendant les 3 premiers jours de traitement, tandis que le rôle du médicament partenaire est d’éliminer les parasites restants.
Vaccin
Depuis octobre 2023, deux vaccins sont recommendé par l’OMS contre le paludisme chez les enfants de moins de 5 ans: le vaccin RTS,S et le vaccin R21. Ce sont les premiers vaccins approuvés contre cette maladie et le résultat de décennies de recherche. Ces vaccons peuvent contribuer à sauver des milliers de vies. Cependant, ils ne sont pas efficaces à 100% et nécessite plusieurs doses et des rappels. Ils sont un outils importants pour compléter les outils existants mais ne constitue pas une solution unique et durable pour en finir avec le paludisme; les autres interventions (lutte contre les moustiques, utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, traitement, etc.) demeurent indispensables. Des recherches pour mettre au point d’autres vaccins sont toujours en cours.
Impact sociétal
Le paludisme a de nombreux impacts sociétaux:
- Un impact sur l’éducation des enfants qui manquent des jours d’école quand ils sont malades ou s’ils doivent prendre soin d’un autre membre de la famille qui est malade (5-8% des journées d’absentéisme à l’école seraient dûes au paludisme)
- Un impact sur la sécurité alimentaire car les épisodes de paludisme peuvent empêcher les adultes de planter, cultiver ou récolter les cultures qui sont souvent à la base de leur alimentation et de leur revenu
- Un impact sur l’égalité des genres, car les femmes et les jeunes filles sont disproportionnement touchées par le paludisme dans le sens où elles sont souvent celles qui restent à la maison pour prendre soin des personnes malades et donc ratent des opportunités d’éducation, de travail ou d’émancipation
- Un coût économique pour les pays endémiques (on estime que chaque année le paludisme coûte 12 milliards de dollars à l’Afrique, et peut coûter 0.25% de PIB aux pays les plus touchés)
Programmes de lutte contre le paludisme
Des programme nationaux de lutte contre le paludisme sont en place dans les pays endémiques, sous l’égide des ministères de la santé. Leur mission est de mettre en oeuvre la politique nationale de lutte contre le paludisme, qui est informée par les recommendations de l’OMS sur les outils (traitements, lutte anti-vectorielle, etc.). Ces programmes travaillent souvent dans une approche multi-sectorielle afin de mettre en œuvre des programmes complets de lutte (recherche, engagement du secteur privé, réponse des structures sanitaires, etc.).
67% du financement global de la lutte contre le paludisme est fourni par le Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds mondial existe depuis 2002 et a sauvé plus de 50 millions de vie. A la date de juin 2022, le Fonds mondial avait investi plus de 16,4 milliards de dollars US dans des programmes de riposte à la maladie. La France est le deuxième donateur du Fonds mondial après les États Unis d’Amérique.
Défis
La lutte contre le paludisme a connu des progrès incroyables pendant les deux dernières décennies, lors desquelles des moyens ont été investis pour baisser de manière conséquente le nombre de cas et de décès. Cependant depuis 2018, ces progrès stagnent et l’année 2020 avec les impacts du Covid, nous a montré que ces progrès peuvent être renversés rapidement, il suffit d’une campagne de lutte incomplète ou non réalisée (distribution de moustiquaire, chemio-prévention saisonnière) pour que l’épidémie reparte à la hausse.
Les moustiques tout comme les parasites s’adaptent aux outils de lutte qui leur sont opposés en développant des résistances. Les thérapies combinées à base d’artémisinine sont en général les médicaments les plus efficaces aujourd’hui. Cependant, les parasites du paludisme s’adaptent progressivement à ce traitement. Certains médicaments utilisés dans le passé (comme la chloroquine) ont perdu leur efficacité face au développement de résistances du parasite face à ces médicaments. De la même manière, l’apparition de la résistance à l’artémisinine et sa propagation dans de nombreuses régions d’Asie du Sud-Est est une vraie menace pour la lutte contre le paludisme. Les moustiques se sont également adaptés. Tout d’abord dans leur comportement puisqu’ils pîquent maintenant plus tôt dans la soirée avant que les personnes ne soient protégées par leur moustiquaire, et également plus à l’extérieur là où les personnes sont assez dépourvues d’outils de protection. Par ailleurs, dans de nombreux pays d’Afrique on observe une forte résistance aux insecticides, nécessitant de nouvelles molécules.
Le changement climatique et d’autres défis écologiques tels que les espèces exotiques invasives (telle que l’Anopheles stephensi devenue envahissant la corne de l’Afrique et déclarée comme menace par l’OMS) sont de nouveaux défis pour la lutte contre le paludisme.
Face à tous ces défis, il est important de se mobiliser pour fournir un meilleur accès, plus équitable, à tous les services de santé, d’augmenter considérablement le financement des programmes de lutte contre le paludisme, d’investir dans la recherche et le développement de nouvelles approches et innovations et de mieux utiliser les outils existants.