25 avril 2023 :
“Il est temps d’atteindre Zéro Palu :
les élus s’engagent”
Mardi 25 avril a marqué le lancement des Elus Locaux Contre le Paludisme lors de la journée mondiale de lutte contre le paludisme. L’occasion de rassembler des experts de la lutte contre cette maladie qui tue encore un enfant par minute, d’entendre les témoignages de membres des diasporas africaines en France.
Les élus ont partagé leurs engagements et leurs appels auprès des élus locaux, des autorités sanitaires, des décideurs politiques français et internationaux pour mettre fin au paludisme. Certains chiffres ont été rappelés: 619 000 personnes sont mortes du paludisme en 2021 dont plus de 90% en Afrique, et particulièrement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.
Françoise Vanni, du Fonds mondial a rappelé que le chemin parcouru depuis 2002 et la création du Fonds est énorme avec une augmentation de l’accès et de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides et des traitements curatifs ayant contribué à une baisse drastique du nombre de cas et de morts. Cependant, après vingt ans de progrès significatifs dans la lutte contre le paludisme, le nombre de cas (247 millions/an) et de morts sont repartis à la hausse, démontrant qu’avec le paludisme, la moindre pause revient à laisser au moustique et au parasite la capacité de s’adapter et de relancer l’épidémie.
Le droit à vivre en bonne santé devait être universel d’ici à 2030 et il n’en sera rien. La recrudescence du paludisme démontre que nous en sommes loin, et cela doit nous alerter et surtout rappeler l’urgence de la mobilisation.
Jean François Mbaye, vice-président des Élus Locaux Contre le Paludisme
Les intervenants ont rappelé que les défis demeurent nombreux à la fois en termes de recherche pour gagner la course contre les moustiques vecteurs ainsi que les parasites, mais aussi pour faire face aux nouveaux défis tels que le changement climatique (voir l’exemple du Pakistan), aux conséquences des conflits et déplacements, à l’invasion de nouvelles espèces vectrices du paludisme. Pour cela, les Elus Locaux Contre le Paludisme ont décidé de se mobiliser pour porter un message de prévention mais aussi s’assurer que le paludisme reste en haut de l’agenda politique, car son élimination est possible dans cette génération.
Le rappeur Mokobé a partagé son expérience avec le paludisme en 2022. En voyage en Côte d’Ivoire, il ne reconnait pas les premiers symptômes – fièvre et fatigue – et rapidement il tombe très malade. Pris en charge localement, il sera finalement l’objet d’un rapatriement sanitaire d’urgence, dans le coma, pour traiter un neuropaludisme sévère. Depuis, il s’engage pour mobiliser contre le paludisme et passer un message de prévention notamment auprès des diasporas africaines présentes en France. Son témoignage a beaucoup ému l’audience, des participantes ont partagé leur expérience personnelle avec le paludisme.
Le Prof. Sandrine Houzé (coordinatrice du Centre National de Référence du Paludisme), médecin-chercheur spécialiste du paludisme à l’hôpital Bichat de l’APHA a partagé un chiffre choc : entre 5000 et 6000 cas annuels de paludisme importés en France, en majorité dans les diasporas, ce qui fait de notre pays le premier au monde pour le paludisme importé. Elle a rappelé l’importance d’un diagnostic précoce afin de prévenir les formes graves du paludisme et la prise en charge gratuite du traitement curatif en France où il est couvert par la sécurité sociale, et dans de nombreux pays où grâce notamment au financement du Fonds mondial les médicaments sont gratuits.
Les élus se sont exprimés pour dire leur engagement à mettre fin au paludisme. Cet engagement est pour beaucoup ancré dans leur expérience personnelle avec le paludisme, comme membre des diasporas africaines, que ce soit parce qu’ils ont soufferts de cette maladie ou parce qu’ils ont dû soutenir des proches, souvent financièrement, pour faire face à ce fardeau. Parmi leurs moyens d’actions:
- Le renforcement de la prévention et de la surveillance, notamment auprès des populations en France pour les protéger du paludisme lors de leurs voyages mais aussi pour qu’elles soient à leur tour actrices de la prévention auprès des communautés.
- Les actions de solidarité et de coopération, que ce soit par les associations comme le FORIM qui a partagé son expérience de projets dans le secteur sanitaire, ou par les municipalités dans le cadre de leur coopération décentralisée.
- Le travail de plaidoyer auprès des autorités françaises pour continuer à financer la lutte contre le paludisme, notamment par l’investissement dans le Fonds Mondial afin que les ressources soient disponibles pour les programmes de lutte, mais aussi pour le financement de la recherche.
- Le travail avec le ministère de la santé pour un remboursement des médicaments de prophylaxie qui aident à prévenir les cas de paludisme pour les personnes se rendant en zone endémique. La députée Sabrina Sebaihi s’est engagée à porter ce combat afin de ne pas uniquement avoir une approche de soin mais d’investir dans la prévention en amont.
Chacun a un rôle à jouer dans notre objectif commun de mettre fin au paludisme d’ici à 2030. Les diasporas sont le pont entre les pays d’origine et les pays de résidence et permettent de sensibiliser à tous niveaux. Je salue la création de l’association et l’engagement des Élus Locaux Contre le Paludisme qui jouent un rôle déterminant pour définir des réponses adaptées aux populations et faciliter leur accès aux services de santé.
Anne-Claire Amprou, Ambassadrice pour la santé mondiale